Dans une démarche unique en son genre parmi toutes les provinces et territoires canadiens, l'Ontario a annoncé son intention d'introduire une nouvelle loi qui, si elle est adoptée, interdirait aux employeurs d'exiger « une expérience de travail canadienne… dans les offres d'emploi ou les formulaires de candidature ».
Annoncée aujourd'hui, le ministère du Travail, de l'Immigration, de la Formation et du Développement des compétences de l'Ontario espère que cette nouvelle loi aidera davantage de nouveaux arrivants à combler les pénuries de main-d'œuvre très demandées dans toute la province.
Selon le ministre du Travail de l'Ontario, David Piccini, cette décision serait avantageuse pour les nouveaux arrivants au Canada car, comme il le dit, « depuis trop longtemps, trop de personnes arrivant au Canada ont été orientées vers des emplois sans issue pour lesquels elles sont surqualifiées. »
Pour lutter contre cela, Piccini affirme que la législation proposée par l'Ontario contribuerait grandement à garantir que « ces personnes puissent décrocher des carrières bien rémunérées et enrichissantes qui [aideraient également] à lutter contre la pénurie de main-d'œuvre ».
Ce que l’Ontario espère de ces changements législatifs proposés
La conviction de l'Ontario est simple : l'interdiction des exigences canadiennes en matière d'expérience de travail « aidera encore plus d'immigrants formés à l'étranger à travailler dans les domaines dans lesquels ils ont étudié ».
Comme l'explique un récent communiqué de presse du gouvernement provincial, « ce changement aiderait un plus grand nombre de candidats qualifiés à progresser dans le processus d'entrevue et [est un pas de plus vers] la possibilité pour les immigrants formés à l'étranger de trouver plus facilement un emploi intéressant et de contribuer à l'édification de l'Ontario. »
Au-delà du soutien que cette nouvelle loi apporterait à la main-d'œuvre provinciale, le ministre de la Citoyenneté et du Multiculturalisme de l'Ontario, Michael Ford, affirme que « ce changement aidera [également] à soutenir les familles alors qu'elles entament leur voyage dans leur nouveau domicile, à créer des communautés plus dynamiques et à aider garantir que les entreprises disposent des talents dont elles ont besoin.
L’impact de l’immigration en Ontario
Comme indiqué dans le communiqué de presse annonçant cette loi, l'immigration constitue un élément important de la croissance au Canada et particulièrement en Ontario, car l'Ontario accueille chaque année le plus grand nombre d'immigrants de toutes les provinces ou territoires de ce pays.
Le communiqué de presse note également que « des recherches ont montré qu'aider les nouveaux arrivants formés à l'étranger à travailler dans les professions pour lesquelles ils ont étudié pourrait augmenter le PIB de la province jusqu'à 100 milliards de dollars sur cinq ans. »
Note : PIB signifie Produit Intérieur Brut
Autres efforts déployés par l'Ontario pour accueillir davantage de nouveaux arrivants qualifiés au Canada
Le ministre du Travail de l'Ontario expose clairement la valeur de l'immigration dans cette province en déclarant : « lorsque les nouveaux arrivants en Ontario ont une chance significative de contribuer, tout le monde y gagne. »
Pour cette raison, l’Ontario désignera 16 500 immigrants pour la résidence permanente rien qu’en 2023. Cela sera accompli grâce au Programme ontarien des candidats à l'immigration (POCI) – le programme des candidats de la province (PCP) dédié – dans un effort concerté pour accueillir des immigrants capables de contribuer au marché du travail provincial « dans divers secteurs critiques tels que les soins de santé et le métiers spécialisés."
Remarque : Les PCP sont exploités dans 11 des 13 provinces et territoires du Canada, à l'exclusion du Québec et du Nunavut. Cliquez ici pour en savoir plus.
En plus de cette loi récemment annoncée, le gouvernement de l'Ontario propose plusieurs autres changements qui contribueraient aux efforts de la province visant à stabiliser et à améliorer le marché du travail local grâce à l'immigration. Selon le récent communiqué de presse, trois de ces efforts comprennent :
Augmenter le nombre d'étudiants internationaux en Ontario qui sont admissibles à postuler au POCI
Le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences note que cela sera accompli en « révisant les conditions d’admissibilité à des centaines de programmes de certificat d’études supérieures d’un an dans la province ».
Demander au gouvernement fédéral de donner à l'Ontario « beaucoup plus d'influence » dans la sélection des immigrants économiques venant dans la province
La province a déjà entamé ce processus en demandant, et en obtenant, une allocation plus élevée de nominations au PNP par l'intermédiaire du POCI. En fait, l'allocation du POCI du gouvernement fédéral fera plus que doubler d'ici 2025 (plus de 18 000 places) par rapport à 2021 (9 000 en 2021).
« Améliorer la surveillance et la responsabilité » de la manière dont les professions réglementées font appel à des organisations tierces pour « évaluer les qualifications internationales afin de garantir que les évaluations sont effectuées de manière rapide, transparente et équitable ».
La surqualification des immigrants est un problème persistant partout au Canada
Depuis de nombreuses années, la surqualification des immigrants canadiens dans la population active nationale est bien documentée, une réalité à laquelle l'Ontario espère remédier grâce aux modifications législatives proposées.
En fait, selon un rapport de Statistique Canada (StatCan) publié en 2020, « les immigrants étaient presque trois fois plus susceptibles (10,1 %) que les non-immigrants (3,6 %) d'avoir été constamment surqualifiés* ».
*La surqualification persistante est définie par Statistique Canada comme suit, par rapport à l'étude : « pour être considéré comme surqualifié de manière persistante, les travailleurs âgés de 25 à 49 ans titulaires d'un diplôme universitaire doivent avoir occupé un emploi en 2006 et en 2016 qui n'exigeait pas plus qu'un diplôme d'études secondaires. éducation."
Remarque : L'étude de 2020 de Statistique Canada a utilisé les données des recensements de 2006 et 2016 pour établir une « surqualification persistante ».
De plus, la même étude souligne que « selon les données du recensement de 2016, les immigrants titulaires d'un diplôme universitaire (baccalauréat ou plus) étaient deux fois plus susceptibles que les personnes nées au Canada d'occuper un emploi qui n'exigeait pas plus qu'un diplôme d'études secondaires ».
Pas plus tard qu'en 2022, les données de Statistique Canada continuent de montrer que les immigrants canadiens sont souvent surqualifiés pour les emplois qu'ils occupent au pays. En fait, selon un rapport de novembre de l’année dernière, les données sur « le taux de surqualification des diplômés âgés de 25 à 64 ans, selon le statut d’immigration, le lieu des études et le sexe » révèlent que les immigrés sont « deux fois plus susceptibles d’être surqualifiés que ceux qui ont un diplôme ». un diplôme canadien.
Plus précisément, alors que 10,6 % de tous les titulaires d’un diplôme (quel que soit leur sexe) nés au Canada étaient considérés comme surqualifiés, ce chiffre s’élevait à 11,8 % pour les immigrants (hommes et femmes) « ayant un lieu d’études au Canada ». Pour ceux qui ont travaillé au Canada après avoir fait des études à l'étranger, le même chiffre a grimpé à 25,8 % .
Ce sont ces problèmes que l’Ontario tente de corriger au moyen de changements législatifs comme ceux annoncés plus tôt aujourd’hui.